Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 14:30

       Il faut s’y résoudre et en prendre notre parti, quel que soit notre âge, et le chagrin qui y est immédiatement annexé : la génération rock’n’roll, qui est entrée depuis bien loin en mythologie, est dorénavant mûre pour la muséification. Ce mémorial monumental - 650 pages - s’intitule « Rolling Stones, une biographie », ce qui est une habile manière de préciser qu’il pourrait y en avoir d’autres. Les érudits de l’inutile, nombreux à peupler douze salles de concert, n’y trouveront rien, ou si peu, à redire, il n’y manque pas une corde de Stratocaster, pas un bouton de chemise à jabot, pas une chute d’enregistrement unplugged - pas un rail de coke. D’un point de vue académique, c’est impeccable, et les néophytes, les indifférents, les fidèles et jusqu’aux fanatiques liront avec profit cette somme, y apprendront une foultitude de choses, à commencer par le fait que le groupe était en son aurore, sans contredit celui de Brian Jones - et que subséquemment Mick Jagger y et en était alors tenu pour le maillon faible. Time is on my side?

Inattaquable sous l’angle universitaire, cet ouvrage, mine de diamants mal taillés, parce que, à rebours du grief habituel, trop lentement - dix ans, la durée d’un doctorat, pour écrire sur les Stones, boule d’incandescence et concentré d’énergie(s), il y a quelque chose qui cloche - réjouira peut-être moins l’enfant du rock. Celui - celle - qui a le cœur qui saigne pour les pulsations violentes et heurtées de, on va dire « Jumping Jack Flash », ne retrouvera rien ici, si méticuleuse soit l’enquête, de ce qui l’aura pour un jour ou pour toute la vie mis en branle. Car il n’est pas question dans le rock d’enquête, et encore moins de méticulosité, mais de vitesse, de violence, de désir, d’énergie. Autour des (et non pas sur les) Stones, on - ce « on » dépersonnalisé dont use et abuse François Bon - lira avec plus de fièvre le bref texte capricant et rapide consacré par François Bégaudeau, à croire que ce prénom et cette initiale sont le code pour sinon aimer, du moins écrire sur les pierres qui roulent, à Jagger. Subjectivité, urgence, mythologie, réappropriation : l’équation fatale et magique des riffs et des solos. Pour écouter à pleine puissance « Gimme Shelter », mieux vaut laisser à demeure les boules quiès de l’Alma Mater.

 

François Bon, « Rolling Stones, une biographie », Fayard, 2002.

DISPONIBLE.

Lecture-savoir.

Document réalisé par L. LE TOUZO, le 17 septembre 2010

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de la mediatheque de frejus.over-blog.com
  • : actualité de la médiathèque, articles, nouveautés, critiques littéraires
  • Contact

Recherche

Archives

Pages