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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 10:44

Julie Wolkenstein appartient à cette génération d'universitaires décomplexés pour lesquels les préceptes d'Alain Robbe-Grillet n'auront plus été feuille de route, impérieuse et impérative, du genre :« décrivez votre bureau sur trois cents pages, je ramasse les copies dans six mois », mais une matière du programme de l'agrég', parmi tant d'autres. Ainsi aura-t-elle renoué, accompagnée d'Adrien Goetz, de Blandine Le Callet, de Vincent Delecroix, de Gwenaelle Aubry, et d'autres que j'oublie, avec une narration que l'on serait assez tenté de dire classique. A ceux qui croient encore que les facultés de lettres et de sciences humaines ne sont rien d'autre que les serres chaudes de la stérilité littéraire, et du commentaire inapte à la création - ben voyons -, je conseille de jeter ne serait-ce qu'un oeil à la production de ce quintet honorable.

« Happy end » est le quatrième roman, paru en 2005, de cette jeune femme cultivée et diplômée. S'il n'est pas le plus ambitieux, il est peut-être le plus maîtrisé. Le roman est fort malicieusement construit, cela participe de son charme. La première partie décrit une hécatombe progressive des protagonistes et habitants de belles villas de familles menacées, sur les bords de la côte normande. Une multitude de narrateurs se succèdent et s'effacent, puisque chaque nouveau venu conte les circonstances du trépas du précédent.

La seconde partie est resserrée autour d'une seule narratrice, personnalité complexe et attachante, auteur de romans à l'eau de rose, divorcée, cancéreuse en phase terminale – ça ferait pas un peu beaucoup, tout ça, Julie ? - qui reprend et retend la totalité de l'histoire. Le coeur nucléaire du récit étant la maladie fulgurante de la petite Brigitte, et son récit, des années après, par la narratrice, qui l'aura sauvée de la mort, mais non de la mutilation.

Un beau roman à la construction sophistiquée, mais fluidifiée par une langue souple et simple, malheureusement entaché d'un manichéisme politique hors d'âge, plus vieilli, en tout cas, que les oukases littéraires du Nouveau Roman. Sans doute est-il difficile de s'émanciper simultanément sur tous les fronts.

 

Julie WOLKENSTEIN, « Happy end », 2005.

DISPONIBLE.

Lecture-voyage.


Document réalisé par L. LE TOUZO, le 11 mars 2010

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