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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 10:37

Tous les livres réussis ne sont pas suffocants d’originalité. Sur une trame rebattue, voici un beau texte. Emilie Beaulieu a la quarantaine, trois grandes filles ayant quitté le nid, un métier, institutrice, qui la préoccupe, et un mari, Marc, qui la distrait – ou peut-être est-ce l’inverse ? Bref, une vie à bas bruit, et à petite vitesse. Mais elle a aussi, tapie au creux de son passé, une source irradiante. A seize ans, donc voici plus de trente étés, elle a aimé, et été aimée, inoubliablement, par un superbe italien.

Le soir de son vingt-cinquième anniversaire de mariage, elle s’affaire au-dessus de l’évier. Et, sur le papier journal qui enveloppe la bouteille de champagne, censée donner à cette morne célébration une couleur de fête quand même, elle lit ceci : « Emilie, Aix, 1976. Rejoins-moi au plus vite à Gênes. Dario. » Evidemment – vous me l’ôtez de la plume -, elle plaque tout sur le champ pour rejoindre son premier amour, sinon il n’y aurait pas de livre, et encore moins avec ce titre.

Au reste, le personnage de Dario est le point faible du roman : on accepte mal que ce joli cœur, censé traîner tous les cœurs après soi, ait à peu près le charisme et l’épaisseur de Michael Vendetta. Peut-être est-ce délibéré : si Véronique Olmi a voulu ainsi démontrer que le premier amour, serait-il aussi estampé qu’une figurine Panini – pour rester en Italie – reste un coffre à trésors, c’est réussi. Pour le reste, les personnages féminins sont superbement rendus, d’une belle plume de sauvageonne domptée : Emilie, ménagère de plus de cinquante ans, imparfaitement encagée dans son confort émollient ; Giulietta, la femme de Dario, machiavélique et maladroite, resplendissante et brisée ; Zoé, la fille aînée, paumée et injuste, n’acceptant pas le désir tardif d’émancipation de sa mère ; Christine, la sœur aînée d’Emilie, trisomique 21, fan de Mike Brant. Belles pages aussi sur une éducation catholique, puritaine, enserrant « un troupeau de vierges boudeuses qui ne savaient pas qu’elles pouvaient être jolies ». Un roman sensible, fluide, touchant ; généreux, aussi.   

 


Véronique Olmi, « Le premier amour », Grasset, 2010.

DISPONIBLE.

Lecture-loisir.

Document réalisé par L. LE TOUZO, le 24 avril 2010

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