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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 14:09

     Rien de plus banal, et de plus usé, que le triangle amoureux en littérature. Tel est pourtant l’argument du livre de Jeffrey Eugenides, curieusement traduit « Le roman du mariage » (puisque le titre original signifie « Le complot du mariage »). 1982 : Madeleine Hanna, Leonard Bankhead et Mitchell Grammaticus sont trois étudiants brillantissimes de la prestigieuse université de Brown, à Rhode Island : la première en littérature, le deuxième en biologie et le dernier en théologie. Tous trois ont fait connaissance dans un cours, fascinant et étrange, de sémiotique littéraire. Mitchell aime Madeleine, Madeleine aime Leonard, et Leonard...ma foi, Leonard a beaucoup de problèmes, - beaucoup trop pour aimer, comme il  devrait, comme il le voudrait, la belle Madeleine.

A la différence des deux autres, il a eu une enfance malheureuse ; et donc (le donc est de lui) il est, jeune adulte, maniaco-dépressif. Eblouie tant par sa beauté que par son intelligence, Maddy n’a pas vu venir le loup. Une fois installée en couple avec lui, elle ne touche plus terre : elle le suit à Pilgrim Lake, en Virginie, centre de recherches de top-niveau, où il a obtenu une bourse, suite à son brillant cursus, pour y être jeune chercheur. Elle-même s’y trouve passablement désœuvrée, mais l’amour ne s’encombre pas de telles contingences.

Cependant, dès le début, il y a quelque chose qui cloche. Leonard se néglige, s’empâte, est shooté aux médicaments : il tourne au ralenti. Madeleine était bien sûr au courant de ses problèmes de santé, mais elle s’illusionnait sur les perspectives de rétablissement. Ca ne s’arrange pas du tout, et fatalement, mais logiquement, les relations du couple se dégradent terriblement. Dans cette spirale sombre, un week-end va tenir lieu pour Madeleine d’éclaircie : elle se rend à un colloque, s’y fait deux copines, et décide sur le champ de sa vocation, jusqu’alors indéterminée : elle sera victorianiste ; c’est-à-dire universitaire spécialiste du roman victorien.

Pendant ce temps-là, comme on dit précisément dans ces romans-là, Mitchell voyage en Inde, travaille comme bénévole dans l’ashram de Mère Teresa. Dans les chaudrons du mal, il cicatrise sa blessure amoureuse : il pense beaucoup à Madeleine au début de son périple, puis de moins en moins.

La fin du livre est très belle, et rehausse ce roman qui manque un peu de souffle et de folie ; les deux soupirants, celui qui avait conquis Madeleine, celui qui y avait échoué, finissent par se retrouver, dans quelles circonstances rocambolesques. Le triangle isocèle s’achève en triangle équilatéral : rien de plus simple, finalement, que d’écrire du neuf sur de vieux schémas.

 

 

 

Jeffrey Eugenides, « Le roman du mariage », L’Olivier, 2013.

DISPONIBLE

Lecture-savoir

Document réalisé par L. LE TOUZO, le 11 juin 2013.

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