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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 09:26

La mélancolie n’est pas une tonalité déplaisante lorsqu’elle succède à la maîtrise. Encore faut-il la lire comme elle a été écrite, c’est-à-dire, dans le cas qui nous occupe, comme une détumescence crépusculaire plutôt que comme une sénescence prématurée. En clair : ce n’est pas la même musique que de se laisser gagner, à 75 ans, par une brève mélodie de regret, et de se laisser dominer, dès sa quarantaine, par une basse continue de funèbre hargne.

Il ne fait aucun doute que John Updike appartient - superlativement - à la première catégorie. Le recueil de nouvelles, à la fois posthume et testamentaire, intitulé, significativement, « Les larmes de mon père », manifeste cet apaisement épuisé, assez séduisant ma foi, dans  la mesure où il demeure assez de traces de la virtuosité d’Updike pour      que cela demeure d’une lecture agréable, et que le taux en a tout de même été réduit, ce qui en faisait à ses très riches heures, et selon les avis, un régal de talent - ou une indigestion de choucroute.

La nouvelle éponyme donne une assez bonne image de cet Updike ultime manière. En vingt pages, la récapitulation, concise et resserrée, d’une vie entière. Oh, une vie qui n’a rien de bouleversant, sinon que toute vie l’est : Jim Worley, un littéraire, fils d’un prof de maths, a épousé en premières noces Deborah, fille d’un prêtre unitarien. Lui-même a été élevé dans un autre culte, ce qui vaudra quelques frictions attiédies entre jeunes mariés et beaux-parents. Mais c’est pour une autre raison, facile à deviner, que Jim et Deb divorceront. La mélancolie imprègne cette remémoration ample et méticuleusement composée. Le temps a passé, les parents de Jim sont décédés, son père le premier, il a quitté sa première femme pour un autre, mais ça déjà vous l’aviez deviné : c’est la vie, fragile, humble, précieuse, molestée, unique.

Une belle langue souple et dénuée, est-ce l’âge ou la sagesse, les deux peut-être, d’éclats excessifs, vient appuyer cette récapitulation réconciliée. Comme l’a dit un bon auteur : le grand âge n’est une morsure de remords et de regret que pour qui n’a pas suffisamment rempli sa vie. Cela ne semble pas le cas de Worley, fils et encore moins de cet infatigable décathlonien de la littérature qu’aura été Updike (1932-2009), peu suspect de cette sorte d’inachèvement vindicatif. Rest in Peace.  

  

   John Updike, « Les larmes de mon père »

in « Les larmes de mon père »

Seuil, 2011.

EN COMMANDE

                                          Lecture-loisir.                                                   

Document réalisé par L. LE TOUZO, le 16 mars 2011

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